Le voyage se vit dans l'abandon

S'il devait y avoir UN enseignement que je retire de mes voyages, ce serait celui-ci : le voyage se vit dans l'abandon.

L'abandon, c'est le lâcher prise.
C'est l'ouverture au moment présent.
C'est la confiance en ce qui PEUT être.

On peut voyager quelques jours, quelques semaines, mois ou années, et passer totalement à côté de la beauté du voyage.

Il en est ainsi de ceux qui se fixent un objectif et figent leur esprit sur cet objectif, au point de se rendre sourds et aveugles à ce qui se présente sur leur chemin. Ceux-là rentrent fiers d'avoir atteint leur but - ou déçus de l'avoir manqué - mais rarement plus riches d'avoir vécu.

Car la beauté du voyage, sa poésie, naît de notre capacité à s'abandonner à lui. Il peut certes y avoir un objectif, une destination, mais ceci ne doit pas nous détourner de l'EXPÉRIENCE même du voyage.

Cette expérience puise sa source dans la façon dont on vit le voyage, intérieurement, dont on s'ouvre à lui, dont on le ressent, à chaque instant qui se présente à nos pas, nos regards, notre coeur.

Elle nous amène au-delà de la contemplation, des rencontres, de la simple découverte de nouveautés, douces ruptures avec notre quotidien.

Elle nous élance vers la perception de ce qui est.
La perception d'une unité dans la diversité.
La perception d'une union mystérieuse entre ce que nous sommes et ce que nous découvrons.

Dans cet abandon, nous devenons capables d'éprouver la merveilleuse sensation d'être autant dans le connu que l'inconnu.
De ne former plus qu'UN avec le tout.
De ressentir à quel point nous ne sommes que d'infimes poussières dans un univers sans limites.

Nous devenons enfin capables d'accueillir. Et d'aimer. 
Aimer le voyage pour ce qu'il nous offre.
Aimer la vie pour TOUT ce qu'elle est.

Linda

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PS : Photo d'Alaska - passage intérieur - 2011