Les drapeaux à prières, symboles de paix et d'harmonie

Si vous vous êtes déjà aventurés dans certaines régions de l'Himalaya (Ladakh, Tibet, Népal, Sikkim et Bhoutan), vous avez sans nul doute admiré les drapeaux à prières tibétains voler au vent sur les hauteurs d'un temple ou au passage d'un col !  Pour ceux qui ignorent la signification de ces petites pièces de tissu colorées, voici de quoi satisfaire votre curiosité.

Une origine ancestrale

Les drapeaux à prières viendraient de la tradition Bön, religion indigène à l’origine de la culture et de la spiritualité tibétaine.

Les origines du Bön restent difficiles à déterminer. Le Bön a d'abord désigné une catégorie particulière de « prêtres-shamans » avant d'être considéré comme une religion à part entière avec l’arrivée du bouddhisme au VII ème siècle.

Conformément à leurs croyances animistes et chamaniques, les Bönpos cherchaient à apaiser les dieux locaux et les esprits des montagnes, des vallées, des lacs et des cours d'eau à l'aide de rituels et d'offrandes. Il pensaient en effet que ces êtres élémentaires, une fois courroucés, provoquaient des catastrophes naturelles et des maladies. Ainsi auraient-ils utilisé des bandes de tissus sur lesquelles étaient peints des symboles sacrés pour pacifier la nature et recevoir les bénédictions des dieux.

Les Bönpos cherchaient à apaiser les dieux locaux et les esprits des montagnes, des vallées, des lacs et des cours d’eau à l’aide de rituels et d’offrandes.

Certains symboles des actuels drapeaux à prières bouddhistes proviennent de cette tradition.

Tablette de bois traditionnelle

A l'origine, les écritures et les images étaient peintes à la main. Au XV ème siècle, des tablettes de bois soigneusement sculptées, ont été introduites de Chine pour reproduire les impressions à l'identique. 

Aujourd'hui, les drapeaux à prières sont réalisés à l’aide de tampons de bois ou de blocs de zinc, ce qui permet des détails plus fins. Les pigments naturels de terre ont été remplacés par des encres d'imprimerie. La plupart des drapeaux à prières sont produits au Népal et en Inde par des réfugiés tibétains ou par les bouddhistes népalais des régions frontalières au Tibet.

Le vent comme messager

Suspendus au passage des cols, au sommet des montagnes, au croisement de chemins, sur le toit des maisons, sur les ponts, ou encore à l'extérieur des temples, les drapeaux à prières tibétains ondulent au grès du vent, se parant d'ombre et de lumière.

Selon les bouddhistes tibétains, le vent caresse les formules sacrées imprimées sur les drapeaux, les disperse dans l’espace et les transmet aux dieux et à tous ceux qu'il touche dans sa course.

Selon les tibétains, le vent caresse les formules sacrées imprimées sur les drapeaux, les disperse dans l’espace et les transmet aux dieux et à tous ceux qu’il touche dans sa course.

Les drapeaux à prières sont constitués de cinq couleurs, qui incarnent les différents éléments. L'ordre des couleurs est toujours : jaune, vert, rouge, blanc et bleu. Dans le cas d'un accrochage vertical, le bleu se trouve toujours en haut. Pour un accrochage horizontal, l'ordre peut aller de droite à gauche ou de gauche à droite. La symbolique des couleurs est, selon l'école Nyingma :

  • Bleu : l'espace (la voûte céleste)
  • Blanc : l'air (ou le vent, les nuages)
  • Rouge : le feu
  • Vert : l'eau
  • Jaune (ou orange) : la terre

Drapeaux à prières au passage du col de Gangmaru La (5200 mètres)

Sur ces couleurs, sont imprimées des formules sacrées (des mantras ou des sutras) et des symboles parmi lesquels :

Le Lung-ta ou "cheval de vent" 

  • Le Lung-ta ou "cheval de vent" 

Le Lung-ta galope comme le vent et transporte sur son dos les "trois joyaux" ou "joyau exauçant les souhaits". Il apporte la paix, la richesse et l'harmonie.

  • Les Tashi Targye ou les "huit symboles de bonne augure"

Les Tashi Tagye sont l'un des groupes de symboles les plus populaires chez les Tibétains et l'un des plus anciens. Ces huit symboles sont :

  1. La conque blanche, qui éveille les êtres du sommeil de l'ignorance et les incite à accomplir leur propre bien ainsi que celui des autres ;

  2. La bannière de la victoire, qui atteste de la victoire de la sagesse sur l'ignorance et les obstacles ;

  3. Le précieux parasol, qui protège les êtres des trois mondes inférieurs (enfers, esprits avides et animaux) ;

  4. La roue du Dharma (l'enseignement), qui représente l'unité de toutes les choses ;

  5. Les deux poissons d'or, qui symbolisent la libération des êtres de l'océan de la souffrance ;

  6. Le nœud sans fin, qui représente l'interdépendance de toutes les choses ;

  7. La fleur de lotus, qui représente le purification du corps, de la parole et de l'esprit et la floraison d'actes bénéfiques ;

  8. Le vase au trésor, qui symbolise la longévité, la richesse et la prospérité.

Les Tashi Targye ou les "huit symboles de bon augure"

  • Les quatre créatures surnaturelles : le dragon (la puissance), le Garuda (la sagesse), le lion des neiges (la joie sans peur) et le tigre (la confiance).

Les quatre créatures surnaturelles

De l'orient à l'occident

Avec les actuelles possibilités de voyages, de rencontres et de partage, les drapeaux à prières conquièrent peu à peu l'occident.

Si cette philosophie orientale vous parle, ces drapeaux à prières peuvent être placés à l'intérieur d'une pièce de votre maison ou plus traditionnellement, à l'extérieur, et quoiqu'il en soit, toujours sur une partie haute de votre maison.

Drapeaux à prières au-dessus de la nonnerie de Pichu

Le moment le plus propice pour les accrocher a lieu pendant le Nouvel An tibétain (Losar). Ils sont également suspendus pendant les périodes de grande joie, comme à l'occasion d'une naissance, ou encore lors de moments de grande tristesse.
 
Mais rappelez-vous, aussi esthétiques soient-ils, le rôle originel des drapeaux à prières est de diffuser un message de paix et d'harmonie, pour votre famille, vos amis, et l'univers tout entier.

Le rôle originel des drapeaux à prières est de diffuser un message de paix et d’harmonie, pour votre famille, vos amis, et l’univers tout entier.