L'équation du bonheur : x=2^33

x = 2 33 ~ 9 milliards

Des maths sur un blog où je suis sensée parler d'inspiration ??!! Non, je ne suis pas devenue folle. Pas encore ! Enfin, quelquefois, à force de confronter mon optimisme à un monde résolument pessimiste, je me pose quand même la question ... Bon, avant de me juger, laissez-moi vous raconter une histoire. Après, promis, je vous laisse me dire si j'ai perdu la tête ou non !

Il y a 4 ans, lorsque je suis rentrée de mon premier voyage de 5 mois, du Kamchatka à l'Alaska (description ici), je n'avais plus de boulot et (presque) plus d'argent. Pour cause : j'avais tout quitté pour me consacrer au voyage ! Et Paris sans boulot et sans argent, ça se résume à un mot : GALÈRE !!! J'étais freelance avec un réseau qui tenait dans une malheureuse coquille de noix et je me suis donc mise en colocation pour survivre un peu plus longtemps.

Un soir, fatiguée d'une série de rendez-vous inutiles, je m'arrête chez le caviste et j'achète une bouteille d'un excellent vin rouge : un Saint-Amour. Je rentre à l'appartement et je découvre l'air angélique de ma coloc.

– Ophélie, ce soir, on fête notre liberté ! lui dis-je en tendant la bouteille devant moi

– Saint-Amour ? C'est romantique !

On s'installe à la table, devant deux verres et un plateau de fromages. On discute, on refait le monde, on le défait et on le refait encore. Et puis, j'arrive à une question :

– Pourquoi le monde va si mal ?? Tu ne penses pas que si on s'entraidait davantage, ça irait mieux et pour nous, et pour les autres ?

Je me saisis d'une feuille de papier qui traîne sur le coin de la table et je commence à faire un schéma (je vous préviens, je dessine très mal !), tout en le commentant.

– Regarde ça : si 1 personne rend 2 personnes heureuses. Et que ces 2 personnes rendent à leur tour 2 autres personnes heureuses. Et ainsi de suite. A ton avis, au bout de combien de répétions on pourrait faire en sorte de rendre toute l'humanité heureuse ?

Devant mon brusque enthousiasme, Ophélie et Michou (le chat) me fixent avec de grands yeux écarquillés. Sans leur laisser le temps de réagir, j'allume l'ordi et je tape le calcul :

2 10 = 1024

2 20 ~ 1 million

...

2 32 ~ 4 milliards

2 33 ~ 9 milliards !!!

 
 

Et là, je m'exclame :

– Tu imagines : si on répète cette opération 33 fois, l'humanité toute entière pourrait être heureuse !!! 33 fois !!! C'est rien ! Et en plus, y a même 2 milliards de rab. C'est pour ceux qui se sont perdus en route ...

Je ne sais pas vous, mais je le pense toujours aujourd'hui : 33 répétions, c'est rien ! Imaginez-vous à la base de ce schéma : vous rendez 2 personnes de votre entourage heureuses - 1ère répétition - qui vont à leur tour rendre 2 personnes de leur entourage heureuses - 2ème répétition - et bien, au bout de 33 fois, votre bonheur atteint l'humanité.

Trivial, non ? Mais alors, pourquoi ça ne marche pas ? C'est simple. Regardez autour de vous : à la télé, dans les journaux, dans la rue. Plutôt que de s'entraider et de "distribuer" du bonheur, les gens passent plus de temps, au mieux, à s'ignorer et à rester dans leur coin, méprisant jusqu'à leur voisin de palier, au pire à se nuire ou à se détruire ... Par conséquent, au lieu d'avancer sur une chaîne vertueuse où l'on peut propager un message d'espoir, on la brise rapidement, sans même atteindre le 1er niveau de répétition ... Et si cette équation est valable pour le bonheur, elle l'est tout autant pour le malheur. La réalité est là, et elle est bien triste. Dramatique même ...

Si l'aspect scientifique de ma personnalité ne vous a pas effrayé et que vous m'avez suivie jusque là, quelle est la conclusion de cette histoire ? Suis-je folle ? Peut-être. Mais tout ce que j'ai envie de dire - et ça va vous rappeler quelque chose de bien connu - c'est :

Aidez-vous les uns les autres !

Il ne s'agit pas de sauver l'humanité. Non. Il suffit juste de vous tourner vers 2 personnes de votre entourage, de leur offrir votre bienveillance, pour qu'à leur tour elles en fassent de même, et ainsi de suite ... Bon, là, c'est moi qui me répète ! Alors sur ce, je vous laisse méditer.