Lorsque la marche devient méditation

Ces dernières années, j'ai beaucoup marché. J'ai marché longtemps, sur des chemins, hors des chemins, dans les montagnes, les déserts, les forêts, au bord des rivières, des glaciers.

Non seulement j'ai fait l'expérience du monde qui nous entoure, de sa beauté, son immensité, mais j'ai pu sentir que la Terre possédait une énergie et un langage différents selon les lieux, et qu'il y avait quelque chose d'infiniment plus grand que nous, au delà du visible, au delà de l'espace et du temps. En cela, la marche dépasse la marche. Elle nous amène vers une autre expérience de conscience. Elle devient méditation.

Pratiquant la méditation, j'ai été fascinée par ce constat. J'ai tenu à l'étudier il y a 5 ans, dans le cadre d'un mémoire de recherche. Outre des éléments au plan hormonal et neurologique, je n'ai rien appris de nouveau. Oui, la science confirme que marcher dans la nature favorise un état de "pleine conscience", au même titre que d'autres methodes comme le yoga, le tai chi, le qi gong... Et cela réduit l'anxiété, le stress, la dépression, l'hyperactivité etc... Idem pour la méditation.

Mon expérience m'en apprenait davantage. En quoi marcher dans la nature pouvait donc devenir méditation ? Voici mes conclusions :

✨ Nous nous reconnectons à nos corps, donc à nos 5 sens, qui s'affinent et s'affûtent. Pas à pas, nous laissons tomber l'expérience de nos pensées au profit d'une expérience sensorielle. Dès lors, nous plongeons dans un certain silence et glissons dans l'espace entre nos pensées : une forme de vide au goût d'absolu.

✨ Nous renouons avec la lenteur, où le temps perd sa substance. La marche nous permet de glisser progressivement dans l'instant présent, l'ici et maintenant. Seule ne compte que la cadence de nos pas, de notre souffle, le bruissement d'une feuille, l'envol d'un papillon.

✨ En renouant avec nos corps, nous renouons avec son langage, celui de nos émotions. La nature nous pousse à nous exprimer. On a soudain envie de rire, crier, pleurer, se serrer contre un arbre, d'aimer. D'un coup, on se sent être. Ainsi s'aligne-t-on avec ce que l'on est, notre vraie nature. Dès lors, on ouvre la porte de notre devenir.

En cela, marcher, c'est méditer.