Le miracle italien
Ça me fait sourire tous ces journaux qui parlent de l'Italie "miraculée", parce qu'épargnée par une deuxième vague du Covid.
Je me suis installée il y a un mois au nord de l'Italie, sur les bords du lac majeur, pour avancer et terminer mon prochain livre. Et j'ai donc eu envie de vous partager mon sentiment sur ce que je vois ici.
Je vois des gens qui ont été très heureux de m'accueillir, parce que oui, ils ont bien galéré à cause du Covid ces derniers mois, ils ont été stigmatisés dans le monde entier, et que je fasse le choix de m'installer ici pour écrire leur a fait plaisir.
Je vois dans les échoppes des gens qui, d'accord ou non, respectent les mesures sanitaires (gants pour les fruits et les légumes, et masques à l'intérieur) sans faire la gueule, ainsi que des caissières, des marchandes et des marchands, des restaurateurs qui comprennent que je ne comprends pas tout de leur langue et qui, au-dessus de leur masque, me sourient du regard.
Je vois des familles et des amis qui marchent ou font du vélo ensemble le week-end dans la montagne, qui sourient et qui disent buongiorno ou ciao quand ils me croisent.
Je vois les mêmes couples de vieux qui marchent tous les soirs dans la montagne, et qui me disent en riant que si je cours trop vite, je ne verrais pas les champignons.
Je vois le soleil se lever tous les matins sur le lac, quand le clocher sonne sept heures et le coq chante. Chaque aube est un tableau différent, d'ombres et de lumières, mais surtout de lumières. Et quand on a ça au pied de chez soi, c'est certain, ça réchauffe le cœur.
Je vois des lieux qui s'appellent Pachamama, un hommage à notre Terre Mère, où l'on promeut le yoga, la méditation et l'éducation alternative, et des bergers allongés dans les prairies, qui veillent sur leurs vaches et leurs chèvres, avec leurs grosses cloches autour du cou.
Je ne vois qu'un tout petit bout de l'Italie, d'autant plus que je sors peu, puisque je me consacre à l'écriture. Mais ce petit bout me suffit. C'est un petit bout où l'on se sent bien, où l'on mange bien, où il fait bon vivre.
C'est un petit bout de la dolce vita, propre à l'Italie. Peut-être que c'est simplement ça, son miracle.