Le gène de l'aventure : mythe ou réalité ?
"Mais d'où te vient ce caractère ma fille ?" Telle est la question que ma mère ne cesse de me poser depuis que je suis petite ... et plus encore depuis que je pars - à son grand désespoir - seule à l'autre bout de la planète ! Obstinée et excessive, exploratrice et rêveuse, voici quelques uns des qualificatifs qui me collent à la peau. Et si, finalement, tout ça était programmé au plus profond de nous ? Les scientifiques se sont penchés sur la question. Leur découverte ? Il existe un gène de l'aventure !
Nés pour voyager
Certains d'entre nous sont nés pour voyager. Tout ceci est prouvé ! Et le grand responsable de ce besoin viscéral est une variante du gène DRD4 : l'allèle DRD4-7R.
Le DRD4-7R serait porté par seulement 20% de la population. Il a pour conséquence d'augmenter le goût pour le mouvement, la nouveauté et l'aventure. Plus concrètement, les personnes qui le possèdent ont davantage le goût du risque, une forte attirance pour la nouveauté, des capacités marquées pour la résolution de problèmes et une tolérance élevée au stress.
Ce gène est impliqué dans le contrôle de la dopamine, qui est un neurotransmetteur relâché par le cerveau et associé à la sensation de plaisir. Le cerveau la libère lorsque vous vivez une expérience jugée « agréable ».
Certaines recherches ont montré que la libération de dopamine précèderait même la dite expérience. La dopamine aurait donc un pouvoir incitatif puisqu'elle serait libérée en fonction du plaisir attendu. Elle nous motive ainsi à vivre des expériences plaisantes. C'est ce qu'on appelle la "recherche du plaisir".
Or, les personnes qui possèdent le DRD4-7R ont besoin d'une plus grande libération de dopamine pour ressentir une sensation de plaisir équivalente à une autre personne. D'où une tendance à vouloir multiplier les expériences, à explorer l'inconnu et à prendre davantage de risques !
Il est toutefois important de préciser que l'interaction de ce gène avec d'autres aboutit à différents résultats. Posséder le DRD4-7R signifie posséder un goût prononcé pour le voyage et l'exploration, mais d'autres traits de personnalité - acquis ou innés - seront nécessaires pour favoriser le passage à l'acte. En bref : c'est une condition nécessaire mais non suffisante !
Enfin, de façon plus extrême, ce gène peut conduire aux troubles du déficit de l'attention et de l'hyperactivité, aux troubles bipolaires, et pourrait être impliqué dans des maladies telles que la schizophrénie ou Parkinson. Il peut également favoriser les conduites addictives.
Un gène vieux de 50 000 ans
Le berceau de l'humanité : l'Afrique. L'homme aurait très bien pu en rester là. Mais l'Homo Sapiens décida de braver l'inconnu, d'explorer d'autres continents et de s'installer en différents points de notre planète. Nous sommes en plein paléolithique et l'homme découvre son goût du voyage et de l'aventure !
On estime que le dernier exode hors du continent africain a eu lieu il y a 44 000 - 47 000 ans. Or, les chercheurs ont découvert que le gène DRD4-7R s'est considérablement développé dans la population à cette même époque ! Tout laisse à supposer que c'est la forte sélection de ce gène qui a non seulement permis à l'homme de survivre mais également de se lancer dans la grande conquête du monde.
En outre, d'autres études montrent que plus une population se trouve géographiquement éloignée de sa population parentale d'origine, plus le pourcentage de DRD4-7R était élevé. De cette façon, le pourcentage de DRD4-7R est proche de zéro pour des populations restées au même endroit au cours des 30 000 dernières années (par exemple, les Han en Chine ou les Juifs yéménites) alors qu'il atteint en moyenne 63 % dans six populations migratoires des Indiens d'Amérique du Sud.
Un comportement propice à l'aventure
Nous l'avons vu : le DRD4-7R augmente le goût pour le mouvement, la nouveauté et l'aventure. Ce gène est en effet étroitement associé à un trait de personnalité appelé : la recherche de la nouveauté. À la clé, des conséquences précises sur le comportement :
- prises de décisions plus risquées
- recherche de situations risquées et nouvelles
- capacité marquée pour la résolution de problèmes lorsque les émotions sont mises de côté
- moins de sensibilité à la peur
- moins de sensibilité aux événements négatifs (d'où une plus grande prise de risques)
- moins de tolérance à la monotonie
- tendance élevée à exercer une activité physique
Autre bonne nouvelle : la longévité ! En effet, une recherche menée sur un groupe de personnes de plus de 90 ans a montré que la proportion du DRD4-7R était plus importante de 66% en comparaison à un groupe de personnes âgées de 7 à 45 ans.
En bref, les personnes qui portent le DRD4-7R possèdent tout ce qu'il faut pour braver l'inconnu et ses dangers, et pour vivre plus longtemps !
Enfin, une récente étude a montré qu'outre le facteur génétique, il existerait un cerveau de l'aventure : les personnes à la recherche de sensations présenteraient une épaisseur corticale plus fine dans les régions du cerveau responsables de la prise de décisions et du contrôle de soi.
Alors, maintenant que vous connaissez les façons dont se manifeste le DRD4-7R, pensez-vous le posséder ? Me concernant, c'est un grand OUI !!!
RÉFÉRENCES
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