Un problème de conscience

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Je vous relaie un coup de gueule de Philippe Guillemant, auquel j'ajoute mes propres réflexions. Pour mémoire, je vous ai parlé de Philippe l'an dernier, à l'occasion de son précieux travail sur la conscience et la perception du temps, et de sa volonté de réconcilier science et spiritualité.

À juste titre, il s'oppose à la grande masse des chercheurs actuels, qui s'obstinent à exclure la conscience de leurs travaux, et se basent sur une perception purement matérialiste du monde. Une des illustrations - et c'est l'objet de son coup de gueule ci-dessous - est que les chercheurs justifient notre absence de réaction aux bouleversements du monde sur le long terme (comme le réchauffement climatique par exemple) en raison de l'attrait de notre cerveau pour le court terme.

En gros, fonctionnellement, notre cerveau recherche la "récompense" immédiate, dont découle le plaisir immédiat. Tout repose sur une question d'hormone : la dopamine, dont nous sommes tous naturellement addict. Le cerveau reste donc focalisé sur le court terme pour favoriser cette production de dopamine, qu'il demande et redemande (en aparté, je vous indique que c'est précisément cette raison qui explique l'explosion des réseaux sociaux avec leur système de "likes" qui agit précisément comme une "récompense" sur notre cerveau, donc libération de dopamine, donc addiction ...)

Or, comme le souligne Philippe, qu'en est-il de notre libre arbitre, notre capacité de faire des choix, capacité portée par notre ô combien merveilleuse conscience ? C'est cette dernière qui nous permet de nous tourner vers le long terme, de faire des choix guidés par autre chose que le simple plaisir immédiat. Si nous nous réduisons à n'être qu'à des cerveaux soumis à un fonctionnement hérité des temps préhistoriques, et bien, effectivement, nous sommes foutus ! Cela signifierait que nous ne vivons pas en tant qu'êtres libres et conscients, mais que nous fonctionnons aveuglément, puisqu'au final, irrémédiablement conditionnés ... En bref, comme des robots. Et cela va dans le sens de tous ces partisans de l'intelligence artificielle, autre sujet encore ...

Donc, notre conscience, revenons-y, car c'est sur elle que nous devons centrer notre attention. À l'heure actuelle, les "pros de la conscience" si je puis dire ne sont donc pas les scientifiques (hormis qq exceptions comme notre ami Philippe et ses pairs) ... mais les mystiques ! Et oui, l'exemple le plus connu est celui qui nous vient des bouddhistes, avec leur grand art de la méditation, qui se sont penchés depuis des millénaires sur la nature de l'esprit humain. Mais je pense aussi aux chamans qui lors de leurs cérémonies portent leurs consciences vers d'autres dimensions pour se connecter avec l'invisible, ou à des religieux comme Anthony de Mello, prêtre jésuite indien, qui nous parle de l'éveil de la conscience ou encore à des philosophes comme Jiddu Krishnamurti qui nous invite à nous "libérer du connu" pour justement nous "dé-robotiser".

Prendre conscience de notre conscience nous permet donc de prendre conscience de notre liberté de choisir, et derrière, d'agir. Développer notre conscience, par la méditation par exemple mais il existe d'autres méthodes, c'est développer notre regard sur le monde, les autres et soi-même, prendre de la distance, du recul, s'élever donc, afin d'être plus libres dans nos choix, mais surtout plus justes dans nos choix. Par plus justes, j'entends des choix davantage alignés avec tout ce qui constitue notre monde, des choix portés par le respect de ce que nous sommes et de ce qui nous entoure.

En bref, ayons conscience de notre conscience, de son existence, de son pouvoir, et développons-la. Élevons-la ! En modifiant notre conscience du monde et de nous-mêmes, nous modifions déjà notre monde et nous nous modifions déjà nous-mêmes. Là est le coeur du changement. Et je vois là la seule et unique voie vers notre survie ...

Le coup de gueule de Philippe Guillemant

Certains disent que face au changement climatique, notre cerveau est notre pire ennemi, en réponse à la question suivante: pourquoi, alors que nous sommes tous conscients de la menace qui pèse sur notre planète, est-il si difficile d’agir pour le climat?

Bien qu'elle mérite d'être examinée, cette réponse est terriblement défaitiste parce qu'elle revient à dire que l'être humain est foutu parce que l'évolution ne l'a pas doté du bon cerveau. Elle est surtout fondamentalement matérialiste, plaçant le cerveau à la place de la conscience et donc supposant l'absence de libre arbitre: c'est là le problème.

Ce genre d'analyse fait de l'humain un handicapé mental et elle est très juste, car je pense que nous sommes effectivement handicapés par le mental mais ce n'est pas à mon sens d'origine génétique, c'est plutôt à cause d'une névrose et donc ça devrait pouvoir se soigner.

J'affirme qu'il existe un véritable problème d'ordre psychiatrique au sein de notre conscience collective (occidentale en particulier), qui provient du fait que nous tenons absolument à fonder nos choix sur la raison et donc sur la science, alors que la science nie fondamentalement notre libre arbitre dans sa méthode et considère implicitement l'humain comme une machine. Osez dire que ce n'est pas vrai !

Si ce n'était pas vrai, pourquoi exclurait-t-on la conscience du domaine de la physique ? Car si libre arbitre il y a, il pose un problème immédiat à la mécanique elle-même, et donc la mécanique devrait étudier comment laisser une place à la conscience pour faire nos choix. Ça devrait même être la priorité des priorités scientifiques.

Mais dès qu'un physicien comme moi par exemple ose le faire, c'est à dire ose envisager, sachant que nous n'avons aucune preuve du contraire, que nous avons un libre arbitre et que par conséquent il est fondamental d'étudier comment la conscience pourrait intervenir en physique, afin de savoir dans quels cas ce libre arbitre serait illusoire et dans quels autres il pourrait être réel, il dérange la société qui ne veut absolument pas mêler science et conscience.

Malgré les violences à endurer je l'ai fait quand-même, j'ai étudié ce problème, j'ai trouvé une solution et j'ai trouvé en prime comment cette solution pouvait offrir des perspectives considérables en termes d'évolution de notre espèce. Voir mes livres et conférences.

Nous avons donc une névrose collective handicapante, OK, sinon la science ferait ce travail que l'humain attend d'elle.. Mais le collectif résulte de la somme des individus, donc nous avons aussi individuellement un problème psychiatrique, une maladie qui affecte chacun d'entre vous, oui vous et pas moi, soit parce que vous ne croyez pas au libre arbitre et dans ce cas vous êtes porteur de la névrose collective, soit parce que vous vous laissez dominer par ceux qui n'y croient pas (sans même qu'ils le sachent) alors que êtes en position d'avoir à les soigner. C'est quoi votre problème ? Ils vous font peur ?

Si vous croyez au libre arbitre, alors votre faiblesse devant eux est équivalente à une non-assistance à personne(s) en danger. C'est d'ailleurs exactement ce que je ressens moi-même lorsque j'en ai marre que mes écrits et discours ne portent pas là où j'aimerais qu'ils portent. Je continue parce que j'ai l'impression que si je ne le faisais pas, alors je serais responsable de non assistance à science en danger.

Pour guérir, il est clair que nous avons collectivement un problème à régler avec la façon dont s'est érigée la science par opposition à la religion. Créer quelque chose avec la motivation de s'opposer à une autre a toujours été la meilleure façon de refaire les mêmes conneries. Mais bon, il y a évidemment une façon simple de régler le problème, c'est de rester con comme un matérialiste et de dire que nous n'avons pas de libre arbitre, dogmatiquement. C'est vrai que c'est plus simple, ça permet d'économiser de la réflexion Dans ce cas, du balai.

J'affirme que cette bêtise devant laquelle presque tous nos intellectuels ont baissé les bras, parce qu'ils sont eux-mêmes handicapés par leur mental, c'est la cause des causes, c'est la raison d'origine pour laquelle l'humain, qu'il soit politique ou scientifique, est incapable de réagir correctement aux effondrements qui s'annoncent afin de les éviter.

Si nous ne remontons pas à la source, nous ne soignerons que les symptômes et nous serons fichus. Tchao l'humanité terrestre, et moi je serai accueilli sur une autre planète où il n'y aura plus ce problème, parce que je l'aurai affronté ici même. Mais vous non, parce que vous aurez laissé l'humanité en danger. :), il vous faudra recommencer à vivre chez les cons.

Oh pardon, c'est l'émotion, ce n'est pas à vous que je parle