Le tempo de l'écriture

Chez les bédouins du désert du Néguev.jpg

Cette photo a été prise en janvier dernier, sous une tente au milieu du désert Néguev, alors que je séjournais chez une famille de bédouins. Pendant un mois, j'y ai installé mes affaires et mes pensées, dans le but de me consacrer à l'écriture de mon livre, mon Chemin des anges.

Mais rien ne se passe jamais comme prévu. Envoûtée par la magie du désert, ses secrets, ses aubes et ses crépuscules flamboyants, absorbée par les histoires de Magdalena, mon hôte bédouine, je n'ai presque rien écrit. Je suis donc repartie avec mon carnet rempli de pages blanches, et moi, remplie de sérénité.

Car il est un temps pour l'écriture. Si mes mots ne s'étaient pas encore ancrés dans la matière, je savais que l'histoire avait infusé en moi. Deux mois plus tard, elle m'apparaissait, fidèle à l'expérience vécue, mais sublimée par la manière dont je devais la raconter, par les messages que je devais transmettre. C'est alors que les mots ont coulé, des filets minces et réguliers, comme ceux de la source d'eau à côté de mon camp de bédouins. Trois mois plus tard, mon livre était achevé.

Ainsi en est-il de l'écriture. Même s'il s'agit d'un récit, il y a toujours une forme de reconstruction. Trouver l'amorce, la structure, la fin, les points saillants de l'histoire puis, se laisser traverser, s'abandonner aux mots, aux émotions, aux images qui se plaquent au fur et à mesure qu'on avance. C'est un équilibre entre rigueur et lâcher-prise, une plongée dans l'univers du vide pour en ressortir plein de symboles.

Écrire, c'est recevoir puis donner, donner puis recevoir.