La voix du coeur
Il y a une citation de Jules Renard que j'aime beaucoup, tant elle reflète la réalité :
"Une fois que ma décision est prise, j'hésite longuement."
Prendre une décision est toujours un moment difficile. Peur de se tromper, de regretter, de ne pas pouvoir assumer, mais également peur du regard des autres, de ne pas être à la hauteur, d'échouer et plus généralement, peur de l'inconnu. Voici toutes les peurs qui reposent derrière ce qu'on appelle "une décision".
Les premières "grandes" décisions que j'ai prises se situaient au plan professionnel : choix d'une école, d'un métier, d'une formation complémentaire. Elles n'ont pas été les plus difficiles à prendre, sans doute parce que j'allais d'un point A - ma situation présente - vers un point B - ma situation à venir - qui s'esquissait à force de recherches, d'introspection, de la mise en perspective de ce que j'AVAIS par rapport à ce que je VOULAIS. Et puis, le fait d'avoir été en situation de commandement, pendant plusieurs années, a sans doute renforcé ma capacité à analyser et décider, y compris dans une situation d'urgence.
Mais jamais je n'oublierai la torture que j'ai éprouvée lorsqu'il m'a fallu prendre des décisions au plan personnel. Parce que là, c'est différent. Complètement différent. On ne peut plus se cacher derrière une "image sociale", un rôle qu'on peut être amené à jouer, consciemment ou inconsciemment. On est mis à nu face à une situation qui met en branle nos émotions, dont la première est la fameuse peur, que j'ai citée tout à l'heure.
Résultat : on se fige.
On tétanise.
On attend.
On se dit : "Je verrai demain"
Sauf qu'en attendant, la roue tourne. Oui. Et elle tourne jusqu'au jour où ... elle s'arrête. GAME OVER. Soit on a décidé avant - et agi, soit c'est trop tard ... Du moins, pour cette vie.
Il y a un film fabuleux, que j'ai vu au moins 3 fois, qui développe superbement bien le thème du choix : Mister Nobody, avec un passage qui résume tout, de la bouche d'un petit garçon. L'extrait (in English please !!!) est ici :
Pour en revenir au sujet, la question est donc : comment faire ? Comment prendre LA bonne décision, d'autant plus lorsqu'elle nous touche, personnellement, lorsqu'elle se situe à la source d'un bouleversement de tout ce qu'on a construit, voire même d'un effondrement de tous nos repères ?
Comment être certains de nos choix ?
Ma réponse est plutôt simple à écrire : écouter la voix de notre coeur. Plus complexe à développer, en revanche. Car la voix du coeur - et j'en suis intimement persuadée - coïncide avec la voix de notre âme.
Elle est difficile à entendre, d'autant plus lorsqu'on a passé des dizaines et des dizaines d'années à l'ignorer. Ce sont des dizaines, des centaines de couches qui nous recouvrent - nous étouffent - qu'il nous faut enlever si nous souhaitons y parvenir.
C'est un travail éminemment personnel, qui demande du temps.
De la patience.
De la persévérance.
D'un point de vue rationnel, je pense qu'il est IMPOSSIBLE d'être certains d'une décision que nous prenons. En revanche, et je me base là sur ma propre expérience, il est des évidences que notre coeur et notre âme nous soufflent, nous murmurent. Là est la certitude.
Une certitude du coeur.
Une certitude de l'âme.
Il nous revient de choisir - ou non - de la rechercher.
Linda
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PS : Photo du Tibet oriental, que j'ai parcouru à vélo en 2016. En fait, je suis en plein montage vidéo d'un petit film de 10 minutes sur cette aventure - d'où mon silence ces derniers jours 😜 - et ça m'a replongée en plein dans l'énergie de ces terres ! Le Tibet, c'est une véritable histoire du temps, avec les ravages de l'acculturation et de la modernisation, et en même temps, une force de la foi et de la mémoire qui subsiste malgré les siècles.