Pourquoi le chemin de "l'éveil de la conscience" n'est pas un long fleuve tranquille ?

Parce qu'un jour, on ne sait pas vraiment pourquoi, un élan vital nous saisit, une pulsion de vivre, ce qui nous amène à quitter la berge du connu, à plonger dans l'inconnu, et on se retrouve soudain seul sur une barque, face au vide.

Parce qu'en quittant la berge, on projette à notre entourage l'impression de "déconner", de "péter un câble", ce qui conduit à leur incompréhension, leur manque de soutien, et du fond de notre barque, cela nous rend triste.

Parce que face à l'inconnu, on découvre l'obscurité et on se sent profondement seul. L'élan vital qui nous a saisi nous apparaît comme une toute petite flamme, pas plus grosse qu'une étincelle, et on finit par douter de son existence même.

Parce qu'on n'a pas d'autres choix que de combattre ce doute. C'est soit ça, soit s'éteindre à petit feu. On choisit la vie.

Parce qu'on crie comme un nouveau né, on pleure comme un nouveau né, et on découvre la force de notre volonté. On s'accroche alors à l'étincelle, notre joie l'alimente, et un feu finit par jaillir. Il éclaire notre chemin. C'est la renaissance. Pour la première fois, on respire ; on comprend ce qu'est de vivre pleinement.

Parce que suite à cette renaissance, on vit un instant d'extase, d'émerveillement, où les flots sont tranquilles, où tout est fluide. Mais de nouveau, on est rattrapé par les tumultes du torrent de vie et on comprend qu'il nous faut encore apprendre à naviguer. .

Parce qu'apprendre, c'est prendre conscience. On ressent les hauteurs, on ressent les profondeurs, on perçoit à l'extérieur, on perçoit à l'intérieur. Les vagues vont et viennent, roulent et grossissent, et on se demande si notre barque va tenir le choc.

Parce qu'on croise d'autres barques, on se sent moins seul, l'amour nous envahit, l'amour de soi, l'amour de l'autre, l'amour de la Terre. On entrevoit alors l'océan, l'absolu, la totalité. On touche à la paix. Mais à chaque fois, le fleuve se prolonge, et il n'est toujours pas tranquille.

Parce que finalement, on accepte, et une vérité nous saisit. Cette expérience nous transforme, nous élève. Et c'est ça, le sens de la vie.