Dans la peau d'un écrivain voyageur
Dans la préface de mon premier livre (Là où je continuerai d'être), Steve Suissa avait écrit de mon récit qu'il était un cri.
C'est drôle, parce qu'à cette époque, je ne m'en étais pas vraiment rendue compte. C'était mon premier livre, j'étais plus jeune, j'avais 34 ans quand je l'ai écrit, et même si la vie m'avait déjà confrontée à certaines épreuves, je n'avais pas pleinement réalisé qu'en racontant l'histoire de mon changement de vie, je posais sur feuille blanche les racines d'une souffrance qui s'étalait sur plusieurs années, les racines d'un être qui se cherchait, un être en devenir.
Je suis devenue ce que je suis aujourd'hui. J'ai vécu d'autres expériences, incroyables, profondes, dont certaines furent bouleversantes, renversantes, et je suis toujours un être qui se cherche. On le sait bien : la quête est sans fin.
Aussi, j'ai plus de maturité, de recul sur la vie, et je pense avoir approfondi mon rapport à l'écriture, qui est avant tout un rapport à soi-même. Avec le livre sur lequel je travaille en ce moment, jamais mon écriture n'aura autant été hurlement. J'en ai pris la pleine mesure hier soir. Je terminais un chapitre où justement, j'hurle... en silence.
Ce hurlement, je l'ai entendu "pour de vrai" lorsque je marchais dans les Andes. Il est sorti de moi, incontrôlable, pour évacuer une souffrance que je portais suite à mon agression, mais surtout, je l'ai entendu avec encore plus de résonance la nuit dernière, en en posant les mots, en décortiquant ce qui l'a provoqué, ce qu'il va provoquer.
Alors oui, écrire, dans ce cas, c'est hurler en silence. Je ne peux que vous inviter à en faire l'expérience. Nous portons tous nos souffrances, la vie est ainsi faite. Les exprimer, c'est déjà s'en délivrer. Alors, on continue d'avancer, plus légers.
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